J’ai connu Serge en 1974 au lycée de Bondy. J’ai ensuite suivi et photographié son travail de -street artist- de l’origine jusqu’aux années 90. L’histoire de Nemo, je la connais bien.
Daniel Pennac la révèle dans son livre Nemo par Pennac aux éditions Hoëbecke.
» Dans ces années-là (1980), Serge eut un fils. Olivier de son prénom. Entre autres histoires, certains soirs, dans le paisible quart d’heure qui précède le sommeil, le père lisait au fils le LITTLE NEMO de Winsor McKay. Un vieux fac-similé du New York Hérald grand format. On y trouvait en vis à vis des pages couleurs et des pages noir et blanc.
– J’étais tombé dessus en 1973, trois ans avant la naissance d’Olivier. Je trouvais ça magnifique ! Entre 1905 et 1913, Winsor McKay a tout inventé en matière de bande dessinée ! Souvent je lisais un rêve de Nemo à Olivier, et, dans la journée, nous colorions ensemble, les pages qui ne l’étaient pas. Il adorait ça. –
Vint le moment où le fils atteint l’âge de l’école. loin de l’engueuler au saut du lit, comme le pauvre Nemo de l’histoire, le père imagine un tendre dispositif pour le faire passer en douceur de l’état de sommeil à celui d’attention scolaire. – j’attendais qu’il s’endorme, je sortais et je passais une partie de la nuit à pocher des petits Nemo, de la rue de la Mare, où nous habitions, jusqu’à son école, rue du Renard. Le lendemain, en allant à l’école, Olivier tombait par hasard sur son copain de rêve et, le soir, Nemo l’attendait à sa sortie. ça l’émerveillait ! –
L’histoire d’un père qui saupoudre du rêve sur les murs où son fils posera le regard. »
C’est cinq ou six ans plus tard que la silhouette de l’homme noir est apparue. Serge travaillait dans un local dont la fenêtre donnait sur la rue des Partants, un terrain vague dont les commerces étaient murés. Un après-midi, l’idée lui vint de bomber sur ces maisons aveugles. – C’est là que le bonhomme noir est sorti pour la première fois. Depuis, je n’ai plus arrêté.-
Pourquoi cette ombre, pourquoi cette silhouette des années 60 ? – C’était un personnage urbain. je me disais que , la nuit, les flics se demanderaient qui était ce type. En s’approchant, ils verraient que ce n’est qu’une peinture, une ombre, rien. Et qui joue avec un ballon rouge. Certains passants le prenaient pour Jacques Tati. J’ai tout entendu sur lui, toutes les interprétations imaginables…-
L’homme noir prenant sa liberté rue des partants, ça ne s’invente pas.
– Oui, c’est de là qu’il est parti. –
(texte Daniel Pennac)
Près de 30 ans plus tard, en février 2020, que restait-il des bombages de Nemo sur les murs de Belleville ? Lors d’un bref passage à Paris, en réalisant une petite enquête-fiction, j’ai voulu faire découvrir son travail à une amie.
Pour en savoir plus sur Nemo et ses interventions artistiques voici un site :
http://www.lapanse.com/pages/graffitis/carnets_de_nemo/carnets_de_nemo.html
Pour en savoir plus sur Tarik, que l’on aperçoit sur le film au travail sur un mur
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